Au niveau de la mer, au début d'un séjour de plongée
et avant la première plongée, la tension d'azote dans nos
tissus est aussi de 0,8 bar : nous sommes à saturation.
Il n'en va pas de même pour l'oxygène. L'oxygène est
principalement véhiculé dans le corps par l'hémoglobine
du sang. Une partie non négligeable de l'oxygène respiré
circule sous forme dissoute. Cet oxygène n'a pas à inquiéter
le plongeur car il sera consommé de toutes façon par nos
cellules. Le principal déchet de combustion de l'oxygène
est le gaz carbonique (CO2) qui sera acheminé par le sang (dans
l'hémoglobine et sous forme dissoute) vers les poumons.
Pendant
une plongée, nous exposons notre corps à une pression ambiante
importante. En plongée, la pression partielle d'azote dans l'air
respiré est plus importante car cet air est à la pression
ambiante. Par exemple à 30 m, la pression absolue est de 4 bar,
donc PpN2 respiré = 3,2 bar. Si la phrase précédente
vous pose un problème, allez donc faire un petit tour du coté de
chez
Dalton
(calcul des pressions partielles) et revenez dans une minute...
Ça y est ? on continue. On se souvient qu'au début de la plongée
la tension d'azote dissout dans nos tissus est de 0,8 bar. La
différence entre la pression partielle d'azote respiré et la
tension d'azote dissout dans les tissus va provoquer une
nouvelle saturation des tissus en azote. Ça va devenir
intéressant, car les tissus ne se saturent pas tous à la même
vitesse...
La période des tissus
La période d'un tissus est le
temps qu'il va mettre pour arriver à la moitié de la saturation.
Dans le cas de nos plongeurs qui viennent d'arriver à 30 m, il y
a une différence de 2,4 bar entre TN2 et PpN2
respiré (3,2 - 0,8). Cette différence s'appelle le "gradient".
Si nos plongeurs restent à 30 m, de l'azote va se dissoudre dans
les tissus pour tendre vers la saturation. Si on restait
suffisamment longtemps à cette profondeur, tous les tissus
auraient une TN2 de 3,2 bar (bonjour les paliers !).

Revenons à la
période et prenons le cas d'un tissus de période T = 15 minutes.
Après 15 minutes de plongée, ce tissu aura absorbé la moitié du
gradient initial, sa tension d'azote sera donc : TN2 = 0,8 + (2,4 / 2) = 2 bar.
Au bout de 15 minutes de plongée la saturation du tissus n'est
pas atteinte, le nouveau gradient est 1,2 bar (nouvelle
différence entre TN2 et PpN2). Si les
plongeurs restent encore 15 minutes à cette profondeur, TN2
atteindra une valeur de 2 + (1,2 / 2) = 2,6 bar. Le gradient ne
sera plus alors que de 0,6 bar.
Les tissus qui se saturent vite
(sang, graisse...) sont appelés "tissus courts". Leur période
peut n'être que de quelques minutes. Les "tissus longs" (os,
tendons...) ont des périodes pouvant atteindre plusieurs heures.
La désaturation
Lorsque la
PpN2 respiré est supérieure à la TN2
dissout dans un tissu, celui-ci se sature en azote. Lors de la
remontée la pression absolue (ambiante) va baisser. Il arrivera
un moment où la pression absolue sera inférieure à TN2.
le tissu est dit en sursaturation et il va
alors commencer à se désaturer en azote. Le
phénomène de désaturation suit les mêmes règles de progression
que la saturation. Certains tissus se désatureront vite,
d'autres le feront plus lentement (tissus courts et tissus
longs).
Lors d'une désaturation normale, l'azote
dissout dans le sang repassera dans l'air au niveau des alvéoles
pulmonaires. Ce phénomène est assez rapide car le sang est un
tissu court. Le sang qui repart alors vers les organes a une TN2
plus faible qu'avant et s'en va irriguer les organes qui, eux,
ont encore une TN2 importante. L'azote de ces organes
va alors passer dans le sang (plus ou moins vite en fonction de
la période du tissus) qui l'apportera aux poumons pour un
nouveau cycle
Pendant la plongée, le sang s'était
saturé en azote et l'avait distribué a tout le corps. Lors de la
remontée, c'est encore lui qui véhicule l'azote dans le sens
contraire
Si la pression ambiante est très
inférieure à la TN2 d'un tissus, l'azote qu'il
contient n'aura pas la patience de se laisser véhiculer par le
sang jusqu'aux alvéoles des poumons. C'est ce qui arrive
lorsqu'on remonte trop vite (la pression absolue diminue
rapidement). En effet, la tension d'azote n'étant pas
suffisamment compensée par la pression ambiante, l'azote
reprendra sa forme gazeuse dans le tissu. On dit que le tissu
est alors en sursaturation critique. D'où une
formation de bulles d'azotes qui provoqueront un accident de
décompression. Les tables de plongées sont calculées pour nous
donner des profils de remontée qui empêcheront un tissu de se
trouver dans une telle situation. Pour établir ces tables, on
associe à chaque tissu (caractérisé par sa période), un
coefficient de sursaturation critique :
Le coefficient de sursaturation critique
Les premières
tables de plongées ont été calculées en considérant qu'un tissus
pouvait supporter une TN2 deux fois plus grande que
la pression ambiante sans que n'apparaissent de bulles dans ce
tissu. Cette approximation n'était pas assez sévère. Avec
l'expérience on s'est aperçu que tous les tissus n'ont pas le
même seuil de tolérance. Voilà pourquoi on a été amené à
déterminer pour chaque groupe de tissus l'écart maximum qu'il
peut supporter entre la TN2 et une pression ambiante
plus faible.
Le coefficient de sursaturation
critique d'un tissus se note Sc. C'est un
simple nombre. Prenons le cas d'un tissu dont le coefficient Sc = 1,6.
Cela signifie que TN2 pourra être au plus 1,6 fois
plus grande que la pression ambiante. C'est une valeur à ne pas
dépasser. Les premières tables de plongées utilisaient un
coefficient Sc = 2 pour tous les tissus !
Le but
des paliers de décompression est de faire en sorte que pour
chacun de nos tissus le coefficient Sc ne soit jamais dépassé.
Si on connaît TN2 et Pabs. on peut calculer TN2 / Pabs
pour vérifier qu'on est bien au dessous du
coefficient Sc du tissu
considéré.