L'inspiration
L'air inspiré par le
nez pénètre tout d'abord dans les fosses nasales où
il va s'humidifier et se réchauffer avant de passer
dans la trachée artère (derrière la cravate), le
gros tuyau qui mène aux poumons.
Quand nous
déglutissons en mangeant ou en avalant notre salive,
la glotte assure l'aiguillage : la nourriture va
vers l'oesophage (direction l'estomac), l'air vers
les poumons. Un plongeur doit savoir que même quand
la glotte est bloquée, on peut y faire passer un
mince filet d'air qui suffira à résoudre le
"problème". Le tout est de garder son calme :)
Suivons l'air vers
les poumons. Après les multiples embranchements des
bronches et des bronchioles, il est distribué vers
des grappes d'alvéoles, sa destination. C'est sur
les parois de ces minuscules sacs que le miracle
s'opère : l'oxygène va passer dans le sang et le gaz
carbonique du sang va passer dans les alvéoles, prêt
à être éjecté à la prochaine expiration.
Dans
les alvéoles, c'est l'osmose!
Le mot "osmose"
est souvent - à tort - utilisé dans le sens de
"symbiose". Que ceux qui ont gardé peu de souvenirs
de leurs cours de biologie s'attardent un peu ici.
Imaginez deux liquides différents séparés par une
membrane poreuse. Imaginez maintenant que les petits
trous de la membrane soient justement trop petits
pour laisser passer les liquides. Vous y êtes ? On
continue à imaginer.
Dans le
liquide, on imagine de petites molécules dissoutes
(pour plus d'informations, voyez la page sur
la dissolution des gaz)
qui, elles, peuvent passer à travers. Et bien il
faut savoir que s'il y a plus de molécules d'un côté
de la paroi, elles vont commencer à passer de
l'autre côté. Ce mouvement ne s'arrêtera que lorsque
la concentration des molécules sera
la même de chaque côté.
C'est ce phénomène
qu'on appelle l'osmose. Nous avons de la chance, car
ce phénomène est qualitatif : A ma gauche l'oxygène,
à ma droite le gaz carbonique. En quantités égales.
Qu'importe, le gaz carbonique gère son osmose,
l'oxygène également. La concentration en oxygène n'a
que faire de celle d'un autre gaz. Les deux
phénomènes vont se dérouler en parallèle :
La paroi des
alvéoles est constituée de cellules formant une
membrane très fine de part et d'autre de laquelle
l'osmose va jouer à fond. Elle sépare le sang de
l'air alvéolaire.
Les globules
rouges du sang doivent leur belle couleur à
l'hémoglobine, molécule complexe et performante :
elle transporte aussi bien l'oxygène (O2)
à l'aller que le gaz carbonique (CO2) au
retour. Le corps (sur le retour) est tellement
pressé de se débarrasser du CO2, qu'il
n'attend pas qu'il y ait de la place dans
l'hémoglobine. Voilà pourquoi il y a aussi beaucoup
de CO2 dissout dans le sang qui arrive
aux alvéoles. Le plongeur averti comprendra donc
l'importance de l'état de fatigue dans l'apparition
des méchantes bulles d'azote, celles-ci apparaissant
facilement en présence d'une forte concentration de
CO2 dissout. Je m'égarre, reprennons :

Le petit dessin
évoque un capillaire (minuscule vaisseau sanguin)
qui fait le tour de l'alvéole et il a bien raison :
derrière la membrane d'une alvéole, il n'y a que du
sang affamé d'oxygène et chargé de CO2.
Toutes proportions gardées, l'osmose est un
phénomène très puissant. En moins d'une seconde, les
échanges gazeux sont effectués : une partie de
l'oxygène présente dans l'air alvéolaire prend la
place abandonnée par le CO2 dans l'hémoglobine du
sang qui passe par là.
La surface totale
de la paroi des alvéoles d'une paire de poumons
normaux équivaut à la surface d'un terrain de
tennis! Certaines alvéoles ne sont sollicitées que
lors d'efforts. Une inspiration nasale profonde
réveille des alvéoles qui ne servent pas souvent.
Pensez-y, votre corps et votre moral vous en seront
reconnaissant.
Le
coeur
On va parler du
coeur gauche (à droite sur la photo), celui qui
reçoit le sang frais (oxygéné) en provenance des
poumons. Il est plus gros que le coeur droit car il
doit alimenter le corps entier. Les deux poches
(oreillette et ventricule) sont des muscles qui se
remplissent naturellement au repos, entre deux
cycles. Quand ils sont bien remplis, l'oreillette se
contracte pour "gonfler à bloc" le ventricule qui,
de ce fait, sera plus performant quand viendra son
tour de se contracter (c'est un truc qu'ont trouvé
les muscles pour être plus efficaces).

Le ventricule, une
fois bien tendu grâce au coup de pouce de
l'oreillette, se contracte et expulse le bon sang
frais par l'aorte, arrosant le cerveau au passage
(l'entrée des artères carotides est visible sur le
dessin) et le reste du corps par la suite. Puis le
ventricule se relâche, il l'a bien mérité. Il se
remplit à nouveau et le cycle recommence.
On vient de voir
qu'il y a deux contractions successives, celle du
ventricule et celle de l'oreillette. Voila pourquoi
le coeur fait boumboum, boumboum, et pas boum, boum,
boum... Pendant ce temps-là, le coeur droit fait le
même travail, pompant vers les poumons un sang gorgé
de gaz carbonique, en provenance des organes.
Au
niveau des cellules
Le sang est donc
lancé à travers le corps, acheminé par le réseau des
artères jusqu'aux différents organes, dont les
cellules vont absorber l'oxygène en échange de gaz
carbonique. Les cellules, pour assurer leur fonction
spécifique, ont besoin d'énergie. La fabrication de
cette énergie (le métabolisme) passe par la
combustion des aliments, carburant du corps. Pour
pouvoir "brûler" ce carburant il faut de l'oxygène.
C'est donc au niveau des cellules que l'oxygène va
connaître la fin de son histoire.

Les aliments
produisent essentiellement des composants carbonés,
qui lors de leur combustion, vont se combiner avec
l'oxygène pour donner du gaz carbonique (CO2
ou dioxyde de carbone). Une fois la réaction de
production d'énergie effectuée, il faut se
débarrasser des déchets (entre autres le CO2).
Ça tombe bien, l'hémoglobine du sang vient de se
débarrasser de son oxygène et est prête à accueillir
le CO2.
Au niveau des
cellules, c'est encore l'osmose qui va permettre ce
double échange O2-CO2. La
nature est décidément bien faite... Notre
hémoglobine, emportée par son élan, chargée de CO2,
se retrouve drainée aussitôt par le réseau veineux,
qui ramène le sang vers les poumons.
A ce stade, la
pression sanguine est très faible, à force de passer
dans les petits tuyaux des capillaires du corps.
C'est là qu'intervient le coeur droit : Il remet la
pression pour que le sang "usé" puisse traverser
avec succès les poumons!
Pour finir, un peu
de vocabulaire : on appelle artère un vaisseau qui
éloigne le sang du coeur et veine un vaisseau qui
ramène le sang au coeur. Voila pourquoi les tuyaux
qui apportent le sang frais des poumons vers le
coeur s'appellent les veines pulmonaires. De même,
ceux qui, sous l'impulsion du coeur droit,
remplissent les poumons de sang appauvri,
s'appellent les artères pulmonaires. |